Les saveurs du palais
De Christian Vincent (2012)
Avec Catherine Frot, Jean D’Ormesson et Arthur Dupont.
Crédit photo:
© Tibo & Anouchka – Les Saveurs du Palais
Copyright Wild Bunch Distribution
Ce long métrage raconte l’histoire d’Hortense Laborie, une cuisinière réputée du Périgord nommée à sa grande surprise, responsable des repas du président de la république au Palais de l’Elysée.
On suit alors cette femme au caractère entier et sanguin, peu formée aux intrigues du pouvoir. Elle va travailler deux ans au service du président et nouer une relation privilégiée avec lui car il veut qu’elle lui fasse « la cuisine de sa grand mère » et qu’elle lui donne « le meilleur de la France » car il apprécie chez elle son amour et sa connaissance des recettes du terroir français.
Ensemble, ils évoquent le livre de recettes tout juste réédité d’Edouard Nignon Éloge de la cuisine française, qui avait fait rêver le président quand il était enfant.
Hortense va demander à choisir elle-même ses produits et donc ses fournisseurs, pour trouver les meilleurs champignons et les meilleures viandes. Jalousée par le chef de « la cuisine centrale » et éprouvée par un travail très dur, elle finit par démissionner et s’exiler en Antarctique où elle est engagée comme cuisinière afin de nourrir des chercheurs sur une base scientifique. Cela va lui permettre de prendre du recul après ces deux années dans la cuisine la plus exigeante de France qui lui ont coûté une fracture de fatigue en raison du surmenage.
Le film s’inspire de la vraie histoire de Danièle Mazet Delpeuch, qui fût cuisinière de François Mitterrand de 1988 à 1990 et qui n’a pas démissionné mais a demandé au Président l’autorisation de rentrer chez elle. Elle a publié deux livres :
Carnets de cuisine, du Périgord à L’Elysée (1997) en rupture de stock puis réédité
Ma cuisine, de l’Elysée à l’Antarctique
Dans le film on voit le personnage d’Hortense confectionner des menus des plus sophistiqués avec des produits venant de sa région.
Plus tard, on lui reprochera à l’Elysée ses nombreux trajets en train et le coût excessif de ses produits car elle a parfois tenu à se déplacer elle-même pour aller chercher des produits frais et des denrées périssables.
Catherine Frot est parfaite dans ce rôle et le film est l’occasion d’entrer dans les cuisines de l’Elysée au 55 avenue Saint Honoré. Hortense confectionne d’ailleurs dans le film un gigantesque St Honoré pour les hommes de la base scientifique en référence à son passage dans les cuisines de l’Elysée.
Jean d’Ormesson sans être un grand acteur, incarne très bien le personnage digne et intelligent de Président de la République Française, à la fois doté d’une grande culture et d’un véritable amour pour la France et ses traditions culinaires.
Le film dépeint très bien la passion, la simplicité et le réel savoir faire de la cuisinière, tant par ses méthodes de recherche que son inventivité. On ressent bien la pression subie par l’héroïne dans le rouage politique avec un protocole lourd, et la jalousie très masculine du chef de la cuisine centrale. Celui-ci se sent affaibli par la seule présence d’Hortense, et la compare à Madame du Barry, la maîtresse de Louis XV. Le fait que le président apprécie particulièrement la cuisinière et ses créations, a d’ailleurs renforcé cette jalousie à son égard multipliant les manigances pour la faire partir.