Cantine vagabonde, Manifeste pour une cuisine engagée

Lila Djeddi, Tana octobre 2019

 

 

 

 

Recette tirée du livre:

La soupe de Lila Djeddi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lila Djeddi, crédit Stéphane Pivron

 

 

 

Bonjour Lila Djeddi, eau plate ou eau gazeuse ?

Plate, pour le calme intérieur que cela me procure,

Gazeuse et glacée, pour retrouver de l’énergie quand je suis épuisée.

 

Quel plat mangez-vous bien volontiers en ce moment ?

Les derniers fruits d’été cuits 5 minutes à la vapeur, magique !

 

Avez-vous toujours mangé ce plat ?

Depuis que je mange beaucoup moins de sucre, j’opte souvent pour cette friandise.

 

Quel est votre parcours culinaire ?

Je suis autodidacte et partisane de la cuisine intuitive. Enfant, je me revois dans le potager d’une amie, cueillette de crosnes, de carottes et de rhubarbe, ma première révélation de la terre à l’assiette… Beaucoup plus tard, jeune adulte, j’ai eu une belle expérience de cuisine, à Londres. J’y ai vécu un an et demi lorsque j’avais 20 ans, j’étais cuisinière dans un pub. Autonome et curieuse, j’ai beaucoup appris dans un grand vent de liberté, il y avait un petit maraîcher près du pub où je faisais mes courses le matin.

De retour à Paris, l’idée de vivre de la cuisine m’effleure mais je ne me lance pas, je n’ose pas, et puis le CAP de cuisine était impossible pour moi, je ne veux cuisiner ni viande, ni  poisson.

 

A-t-il plutôt influencé votre façon de manger, ou ce que vous mangez ? En quoi?

Enfant, j’ai découvert le potager, connexion à la terre que je porte depuis. Durant mon long séjour à Londres, j’ai eu de grandes émotions avec la cuisine indienne,  parfumée à souhait, fraîche et absolument délicieuse.

 La fusion food et la cuisine végétarienne bien sûr dont je ne me lasse pas, rencontre heureuse, une révélation de saveurs, de couleurs et d’ouverture d’esprit, tellement de possibles…

Mes repas racontent souvent une histoire, une culture, une réflexion, l’exigence d’un produit simple, de qualité, rien d’extravagant mais le soin que l’on porte au produit est le point de départ d’une bonne régalade.

 

Pouvez-vous nous raconter une première fois culinaire (préparation ou dégustation) ?

Enfant, la tarte à la rhubarbe chez une amie. Quelle explosion cette acidité, la douceur du compotage du fruit adouci par le sucre, le petit goût beurré de la pâte, tellement flatteur au palais, je m’en souviens encore…

 

Quel est selon vous  l’aliment qui incarne le mieux la mobilité de l’humain de nos jours?

La céréale ou la légumineuse que nous retrouvons dans bien des cultures et sur beaucoup de tables.

 

Quel aliment vous ferait défaut aujourd’hui si vous deviez vous en passer pendant un an ?

Les agrumes, avocats et mangues de chez Galinne Felici, un groupement d’achat solidaire. Je suis émue à chaque rentrée car je sais qu’ils vont nous accompagner pour notre plus grand plaisir durant l’automne et l’hiver.

L’ail bien sûr, j’en utilise quotidiennement, il a l’art de sublimer tous les légumes de saison, les céréales et les légumineuses, le point de départ d’une belle assiette simplissime mais ô combien goûteuse.

 

Si on se fiait à vous pour nous recommander un restaurant?

Soul kitchen, une petite cantine du 18e que je connais depuis des années, je me régale toujours d’une carte courte sans prétention et savoureuse. En revanche, je n’ai jamais testé les desserts, je ne suis pas très dessert lors d’un repas, je préfère de loin patienter jusqu’au goûter si goûter il y a.

 

 

Si vous deviez nous présenter un produit et en partager la recette avec nous?

J’adore les légumineuses et les légumes, particulièrement en soupe complète quand l’automne et la fraîcheur du soir s’installent.

La soupe copieuse et généreuse de haricots secs, huile aux herbes, œuf poché.

 

Pour finir, quelques mots sur l’altérité et le « vivre ensemble »

Peut-être d’arriver à se compléter et s’enrichir en dépit de nos différences…