Rencontre avec Serge Vieira

Rencontre avec Serge Vieira

 

Émotion culinaire, Serge Vieira

Éditions Quelque part sur terre, septembre 2017

Texte de Catherine Guérin, et photographies de Pierre Soissons

Prix spécial du jury Pierre Christian Taittinger, Prix Littéraire Antonin Carême 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serge Vieira copyright Prix Antonin Carême

 

 

 

 

 

 

Bonjour Serge Vieira, eau plate ou eau gazeuse ?

Eau plate.

 

 Quel plat mangez-vous bien volontiers en ce moment ?

Des pâtes, avec une sauce au Cantal.

 

 

Avez-vous toujours mangé ce plat ?

Oui, mais la sauce au Cantal est arrivée bien plus tard !

 

Quel est votre parcours culinaire ?

Après mon apprentissage et l’obtention d’un CAP puis d’un BEP chez Dominique Robert à Chamalières, j’exerce un an chez Bernard Andrieux à Clermont-Ferrand,  puis une saison au « Château de Marçay » à Chinon où je rencontre Marie-Aude, mon épouse.

Puis se succèdent les tables trois étoiles. « L’Espérance » avec Marc Meneau à Saint-Père-sous-Vézelay où je reste trois années, puis trois ans encore à « L’Auberge des Cimes » à Saint Bonnet- le-Froid, avec Régis Marcon. Avec son aide, je prépare le concours et remporte le « Bocuse d’Or », en 2005.

Durant quelques années, j’enchaine démonstrations culinaires, prestations de consulting et autres séminaires gastronomiques à travers le monde.

Finalement, au printemps 2009, mes pas me ramènent sur ma terre natale où j’ouvre, avec Marie-Aude, mon restaurant gastronomique au cœur du Cantal, à Chaudes-Aigues.

 

 A-t-il plutôt influencé votre façon de manger, ou ce que vous mangez ? En quoi?

Inévitablement. Il m’a apporté la connaissance des produits, des cuissons et des assaisonnements, afin de sublimer chaque goût, chaque saveur.

 

 Pouvez-vous nous raconter une première fois culinaire (préparation ou dégustation) ?

Je m’en souviens très bien, c’était une poularde aux truffes. Premier jour au poste de chef de partie viande à l’Espérance, chez Marc Meneau. J’ai farci des poulardes toute la matinée et je n’ai pas pris la peine de faire connaissance avec mon four à gaz de l’époque. Après avoir poché ma première poularde pendant une vingtaine de minutes, je l’ai mise au four. Au bout d’à peine 3 minutes, la poularde était carbonisée sur le dessus, aussi noire que du charbon. Sur le coup, ce n’était pas un bon moment mais avec le temps, c’est devenu un souvenir amusant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serge Vieira Copyright Pierre Soissons

 

 

 

 

 

 

 Quel est selon vous  l’aliment qui incarne le mieux la mobilité de l’humain de nos jours?

L’épeautre. Une céréale séculaire largement répandue à travers le monde, et qui permet entre autre de faire de la soupe, du pain ou de la bière.

 Quel aliment vous ferait défaut aujourd’hui si vous deviez vous en passer pendant un an ?

Le pain, sans hésitation !

Si on se fiait à vous pour nous recommander un restaurant ?

La Petite Ecole à Vergongheon. Un restaurant tenu par un couple dans une ancienne école primaire. Un endroit original et chargé d’histoire, où l’on peut profiter d’une cuisine de qualité à des prix abordables.

Si vous deviez nous présenter un produit et en partager la recette avec nous ?

La pomme de terre. La base de la cuisine rurale et auvergnate, que l’on retrouve également dans de nombreux pays. Ici, je l’ai travaillée sous forme de vaporeux, accompagnée de champignons et Vieux Salers.

 

 

Pour finir, quelques mots sur l’altérité et le « vivre ensemble »

Respect et tolérance. Ce sont, je pense, les clés de la vie en communauté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le vaporeux de pommes de terre de Serge

Le vaporeux de pommes de terre de Serge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Émotion culinaire, Serge Vieira

Éditions Quelque part sur terre, septembre 2017

Texte de Catherine Guérin, et photographies de Pierre Soissons

Prix spécial du jury Pierre Christian Taittinger,  Prix Littéraire Antonin Carême 2018

 

Vaporeux de pommes de terre à l’huile de noisette

Mousserons, herbes des près et salers vieux

 

 

 

 

 

 

 

Carpaccio de pomme de terre

300 g de pomme de terre

20 g d’huile d’olive

Sel, poivre

 

Vaporeux de pomme de terre

150 g de pomme de terre

200 g de lait

100 g de crème

50 g d’huile de noisette

Noix de muscade

 

Garniture

150 g de pomme de terre rate

20 g d’huile d’olive

4 oignons nouveaux

100 g de mousseron cuit

Vinaigrette au soja et au Xérès*

 

Sauce

100 g de jus de champignons clairs

100 g de bouillon de volaille

100 g de lait

50 g de crème

1 jus de citron

40 g de beurre

Sel fumé

 

Salade d’herbes

100 g de mousseron cuit

Pousses de pimprenelle

Pousses de cistre

Fenouil gris

Oignons nouveaux émincés

Fleurs de coriandre

Pétales de pensées sauvages

Mouron des oiseaux

Mauves

 

Décor

Poudre d’olives noires*

Vieux salers

Tuiles Cantal*

 

Carpaccio de pomme de terre

Éplucher et laver les pommes de terre. À l’aide d’un coupe-lanières, réaliser des bandes de 2 cm sur 15 cm. Les badigeonner d’huile d’olive et réaliser un carpaccio. Assaisonner et cuire à la vapeur pendant 8 min. À la sortie du four, détailler à l’aide d’un emporte-pièce de 10 cm de diamètre puis les brûler légèrement au chalumeau.

 

Vaporeux de pomme de terre

Cuire les pommes de terre en robe des champs. Retirer la peau, et les passer au tamis. Porter le lait et la crème à ébullition, ajouter la pulpe de pomme de terre, et mélanger au fouet en incorporant l’huile de noisette et une pincée de noix de muscade. Assaisonner, et passer au chinois fin. Mettre en siphon et réserver au bain-marie à 65 °C.

 

Garniture

Éplucher les pommes de terre rates, les confire dans l’huile d’olive puis les couper en rondelles. Couper les oignons nouveaux en quartiers, les cuire croquant à l’anglaise, puis les rafraîchir. Assaisonner les mousserons, les pommes de terre et les oignons nouveaux de vinaigrette.

 

Sauce

Réduire le jus de champignons de moitié. Ajouter le bouillon de volaille, réduire de nouveau. Verser le lait et la crème. Porter à ébullition. Ajouter le jus de citron, une pincée de sel fumé, et monter au beurre. Réserver.

 

Finition

Au centre de l’assiette, dresser un dôme de garniture. Recouvrir avec le vaporeux puis le carpaccio de pomme de terre. Décorer harmonieusement avec tous les ingrédients de la salade. Râper le vieux salers, ajouter la poudre d’olive, les tuiles au cantal, et servir l’écume de sauce.

 

 

 

 

 

 

Lexique

 

 

 

Poudre d’olives noires

200 g d’olives noires dénoyautées

Emincer finement les olives. Les déposer sur un tapis cuisson et sécher au four à 80 °C pendant 4 h. Mixer.

 

Tuile Cantal

130g farine

120g blanc d’œufs

180g cantal râpés

200g beurre

Mixer la farine avec le blanc d’œuf. Ajouter le Cantal râpé et le beurre pommade. Lisser l’appareil au mixeur et l’étaler sur un tapis de cuisson. Cuire au four à 160 °C pendant 2 à 3 min. Détailler la forme souhaitée et finir de cuire pendant 3 à 4 min à 160 °

 

Vinaigrette au soja et au Xérès

20 g de miel

30 g de sauce soja

30 g de vinaigre de Xérès

1 jus de citron

Sel, poivre

150 g d’huile d’olive

Chauffer le miel. Déglacer avec la sauce soja puis le vinaigre de Xérès. Porter à ébullition. Ajouter le jus de citron, le sel et le poivre. Hors du feu, émulsionner avec l’huile d’olive.